Le 7 forum du littoral 2018 s’est déroulé samedi matin 16 juin devant une forte affluence avec une salle Lescoure quasiment pleine.

Ce forum a duré plus de 3 heures, avec de nombreuses interventions d ‘experts et de politiques. Dans l’ensemble les interventions étaient très intéressantes, un regret sur les supports utilisés qui ne correspondaient pas aux attentes du public présent : problème de lisibilité, doublons de certaines diapositives, aucun point clé mis en avant pour accentuer le message. … C’est un point qu’il faudra améliorer dans le futur pour maintenir l’attention du public.
Pour démarrer ce Forum, Laurent Peyrondet, maire de Lacanau a fait un rapide résumé des actions passées, notamment à partir de mars 2014, premières étapes de la mise en place des défenses du front de mer et des actions à venir. Il a présenté aussi les différents intervenants qui se sont succédés au cours de cette matinée. La conclusion du Forum se fera avec l’inauguration du nouveau front de mer.

Didier RIHOUEY intervient pour le compte de l’Observatoire du littoral. Il va développer tout ce qui a été fait depuis la mise en place du premier Forum du Littoral en 2009. Une mise en place d’un suivi scientifique du littoral a été lancée avec utilisation de caméras en temps réel et de photographies prises tout au long de l’année à partir de points remarquables permettant de bien visualiser l’évolution du trait de côte. De nombreuses explications ont été données sur les raisons de désensablement ou de ré ensablement des plages et l’attaque des dunes par les vagues, l’impact des digues,

Le budget consacré à ces différentes actions sur la période 2016/2018 est de 2.000.000 €.

Les deux grandes parties de son intervention ont été consacrées aux actions d’amélioration de la connaissance et à des actions de surveillance de différents sites pilotes concernés par des problèmes d’érosion. Un point majeur est la volonté d’améliorer les projections sur le long-terme 2050/2060.
Nicolas DESRAMAUT intervient pour le compte de la Banque Mondiale avec le programme WACA gestion du littoral ouest africain ( West Africa Coastal Areas Management )

Un tiers environ des habitants d’Afrique de l’Ouest vivent sur le littoral, où la croissance démographique atteint 4 % par an. Les zones côtières sont à l’origine de 56 % du PIB de la région. Le volume annuel de la pêche légale dans les eaux ouest-africaines dépasse les 1,6 million de tonnes, soit une valeur de 2,5 milliards de dollars à la vente sur le marché de gros. Outre les activités halieutiques, on trouve aussi sur le littoral des villes de premier plan et des ports importants, ainsi que des agro-industries et des plateformes pétrolières offshore. Or, la productivité des écosystèmes côtiers est menacée. En cause : le développement d’infrastructures non durables, la mauvaise gestion des ressources et des habitats naturels, et la pollution. En outre, les conséquences du changement climatique, tels que l’élévation du niveau de la mer et son réchauffement, les glissements de terrain, les ondes de tempête et l’accroissement des inondations côtières, ajoutent à la vulnérabilité de la région. Par endroits, l’érosion côtière atteint plus de 40 mètres par an.

Un exemple de travaux de protection de dune ou de plage au Togo ont été faits en dur en donnant des résultats à priori peu satisfaisant et pour lesquels la population a demandé d’arrêter et de proposer de mettre à disposition de  terrains pour  délocaliser les maisons ou les commerces au fil du temps.
Eléonore GENEAU reprend le dossier érosion pour le compte de la mairie de Lacanau. La présentation montre les différentes actions prévues.

Différentes questions ont été posées par la salle dont une de  Jean Yves MAS élu d’opposition à la mairie de Lacanau. Une question a eu pour objet la mise en place de modèles qui permettent de faire des suppositions sur l’évolution de ce trait de côte. Ces modèles reposent sur des hypothèses qui donnent des résultats où l’aléatoire est important, par exemple, l’influence de la hauteur de mer, les forces de courant, la présence de bancs de sable, qui ont des impacts très forts sur ces évolutions.
Gilles BOEUF   : Ecologue.- Écologie scientifique, membre du Collège de France a apporté une vision sociologique de ces phénomènes d’érosion  avec une approche globale et mondiale.

En se présentant comme sociologue, il affirme le besoin de s’appuyer sur des éléments techniques pour avoir les éléments en main pour pouvoir ensuite prendre les décisions qui s’imposent. Et qui reviennent aux Politiques. Le rôle des politiques est de décider quels sont les objectifs à atteindre, sans entrer dans des problématiques politiciennes droite gauche et de dépasser les clivages politiques
Un deuxième axe très important est le besoin et l’obligation d’avoir le soutien et l’échange avec la population locale.

Les phénomènes d’érosion ne sont pas des sujets nouveaux mais au contraire une continuité qui existe depuis des millénaires. Ce constat est bien pris en compte par la ville de Lacanau qui a arrêté de faire la politique de l’autruche. L’exemple de l’explication de la catastrophe de Fukushima qui aurait pu être évitée si les barrages des bassins avaient eu 2 mètres de plus, montre la méconnaissance des phénomènes d’érosion, l’emplacement sur une zone à risque étant en partie la cause.
La table ronde présentée avec l’Adjoint au maire de Biscarosse, les maires de Carcans et Lacanau et le député du Médoc a clôturé ce Forum.

Les débats ont porté sur l’opposition entre méthode douce et dure avec volonté de privilégier la méthode douce sans digue.

Des réflexions sur la délocalisation ont aussi été échangées avec une volonté de privilégier la défense du littoral, éviter les délocalisations et arrêter l’urbanisme en front de mer

Sur l’aspect politique, Benoît SIMIAN – député du Médoc, a indiqué qu’un projet de loi est en cours avec une volonté de garantir dans la loi le financement des travaux de protection.
Compte tenu des coûts et des incidences des travaux sur les sites voisins Il est nécessaire de privilégier une stratégie globale et non des stratégies locales.

previous arrow
next arrow
Slider

 

Hasard du calendrier, le jeudi 14 juin à 20 heures 30 sur FRANCE 2, l’émission d’Elise LUCET l’envoyé spécial avec au programme une rediffusion de “Littoral, contre vents et marées ….

Littoral, contre vents et marées

La France… rétrécit ! Elle a perdu 26 km² en 50 ans. En cause : l’implacable érosion naturelle de son littoral, des morceaux de territoire engloutis par la mer. En Aquitaine, la côte recule de plus de deux mètres chaque année !

Que faire ? Résister à tout prix ? Comme ce propriétaire d’une villa de bord de mer, qui, à ses frais, bâtit d’incroyables digues contre l’océan ? Ou reculer, comme à Lacanau ? La célèbre station balnéaire, pour la première fois au monde, envisage l’impensable : déplacer 1 500 commerces et logements, pour 500 millions d’euros !

À l’heure où certains députés se penchent à nouveau sur la loi littoral, la question se posera bientôt à tous ceux qui vivent près du rivage : un quart de la population française en 2040, contre vents et marées.

Un reportage de Pierre Monégier, Vincent Piffeteau et Rémi Labed (Rediffusion)