Côte Atlantique : les flots pourraient avaler

50 mètres de sable d’ici à 2050

Publié le 30/11/2016 dans SUD OUEST. Mis à jour à 08h41 par Jean-Denis Renard Les tempêtes peuvent, en très peu de temps, faire reculer le trait de côte de 20 à 25 mètres. Beaucoup plus que prévu. © Arch. L. Theillet Un nouveau rapport quantifie précisément le recul, d’ici à 2025 et 2050, de la côte sur le littoral aquitain. On savait que la côte reculait, on va bientôt en avoir une nouvelle confirmation chiffrée. L’Observatoire de la côte aquitaine (OCA), le réseau d’experts scientifiques qui travaille sur le sujet, aura en main d’ici à la fin de l’année une nouvelle étude du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) qui quantifiera ce recul sur les 270 kilomètres qui séparent l’embouchure de la Gironde de la frontière espagnole. Ce travail est actuellement à la relecture. Il sera publié avec des cartes, tronçon côtier par tronçon côtier. Commandé par le groupement d’intérêt public (GIP) Littoral aquitain (qui regroupe l’État et les collectivités territoriales), le rapport initial sur le sujet datait de 2011. Il envisageait le recul du trait de côte à brève échéance (2020) et sur un temps plus long (2040). Le recul moyen était évalué entre 1 et 3 mètres par an, avec des vitesses maximales de recul de 6 mètres par an sur certains sites. À l’échéance 2040, 46 kilomètres de la côte sableuse étaient considérés à risque, menacés par des pertes de terrain considérables. Depuis cette première publication, une succession de tempêtes a entaillé la côte et l’a fait reculer dans des proportions qui ont surpris nombre de spécialistes. C’était lors de l’hiver 2013-2014, une funeste saison dont on conserve le vif souvenir à Lacanau, dans le Médoc, comme à Biarritz, dans le Pays basque.

Avec le changement climatique

Le travail a été repris en intégrant ce risque d’événements extrêmes qui peuvent enfoncer les lignes de défense littorales. L’influence du changement climatique et de son corollaire, la montée plus rapide du niveau océanique, a également été prise en compte. Et tous les calculs ont été refaits à partir du trait de côte du printemps 2014 tel qu’il était après les coups de tabac hivernaux. Les deux échéances ont été logiquement repoussées. On parlera désormais de 2025 et de 2050.

50 mètres de recul en 2050

Présentés aux élus du littoral vendredi à Bordeaux, les enseignements de l’étude n’ont rien de très rassurant. Le taux moyen d’érosion serait plutôt en hausse. « D’ici à 2050, le recul serait de 50 mètres sur la côte sableuse et de 27 mètres sur les falaises du Pays basque », indique Renaud Lagrave, le président du GIP Littoral aquitain. Il s’agit là de moyennes qu’il faut distinguer suivant les sites. Les chiffres seraient d’ailleurs plus sévères en Gironde que dans les Landes : 2,5 m de recul par an, contre 1,7 m. « La côte sableuse peut aussi être victime d’un recul brutal de 10 à 25 mètres sous l’effet de tempêtes. Et le recul lié au changement climatique pourrait être de l’ordre de 20 mètres en 2050 », ajoute Renaud Lagrave. Sur la base de cette nouvelle cartographie de l’aléa en 2025 et en 2050, le GIP Littoral aquitain a engagé l’identification du nombre de bâtiments et d’activités menacés. Les résultats sont attendus dans les prochaines semaines.